Axel Gouala – FR

Sculpteur, pratiquant également le dessin et la gravure, Axel Gouala expérimente les modes selon lesquels de l’espace s’écarte, se creuse, s’excave, s’élargit, se ramifie, se densifie ou s’approfondit. Ces opérations obstinément réitérées se font le plus souvent à partir de prélèvements de la nature élémentaire : eau – vagues – et terre – montagnes. Avec des allusions aux torsades du feu – dans les torsions enchevêtrées des racines, les vrilles des crêtes de vague – et le vaporeux de l’air –  dans l’évanescence de l’écume, la légèreté des plumes.

Ce sont ces morceaux détachés, sommets soustraits à leur base, vagues isolées, qui mettent en évidence l’espace que ces morceaux espacent : dégagent, mettent en champ-libre, en ouverture inédites.

La vague n’est pas dans la mer ; la montagne n’est pas dans la chaine. De même, les ensembles « naturels » que notre regard spontanément unifie ne sont pas dans le vaste espace du monde. L’espace, autrement dit, n’est pas un contenant recevant indifféremment ce qui l’occupe, mais s’ouvre à partir de ce qui ordonne le proche et le lointain, la mesure d’une distance ou d’une grandeur.

Lorsque, par exemple, Axel Gouala, déjoue la logique hiérarchique de l’élévation en mettant à raz de terre le mouvement puissant de la croissance (Colonne) ; ou encore, lorsque, il juxtapose la croissance lente de l’os et la croissance si éphémère d’une vague dans un entrechoc spatial (Onda/Os), il montre à chaque fois l’espace en train de s’espacer.

Les coordonnées spatiales sont données, ces œuvres le font diversement voir, à partir d’un geste, qui est indistinctement plastique et mental. Ce geste montre, mais aussi effectue, qu’un paysage vient d’un corps, qui n’en maitrise pas la construction, mais dont l’engagement singulier décide de l’orientation.

Sandrine Israel-Jost

Enseignante en philosophie à la HEAR de Strasbourg
ex-enseignante au département de philosophie de l’université de Strasbourg

Axel Gouala – EN

Sculpture, drawing and engraving are the fields in which Axel Gouala experiments the modes through which, from the space things move further apart, are dug and excavated, widen, branched out, densified or deepened. These operations tenaciously reiterated are made in most cases from the elementary nature’s samples : water – waves – and earth – mountains. […] The wave is not in the sea; the mountain is not in the range. Also, the «natural» sets, spontaneously unified by our sight, are not in the vast space of the world. In other words, the space is not a container receiving its content, but it opens up to the order of what is near and what is distant, to the measure of distance and size.

 

When, for example, Axel Gouala, thwarts the hierarchical logic of the elevation by putting at ground level the powerful movement of the growth (Column); or still, when, he juxtaposes the slow growth of the bone to the very ephemeral growth of a wave in a spatial impact (Onda / bone), he shows a space being built. As his work shows in different ways, the spatial coordinates are given from a ges- ture, which is both plastic and mental. This gesture shows, but also executes, that a landscape comes from a body. It does not master the construction, but its singular commitment decides on the landscape orientation.

  Sandrine Israel-Jost

Lecturer in Art, Philosophy
HEAR Strasbourg – FR

 


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